La sexualité et les infections transmissibles sexuellement (ITSS): gare aux réseaux sociaux!

ITSS et médias sociaux

La plupart d’entre nous vanteront certainement les vertus des réseaux sociaux : faciliter les échanges, l’accès rapide aux communications, le réseautage d’affaires, l’accès accru à l’information, l’ouverture sur le monde, etc. Mais qu’en est-il des effets néfastes? Les réseaux sociaux jouent effectivement un grand rôle dans la mentalité, empreinte d’une légère naïveté, du « ici et maintenant » que l’on associe à la récente génération, celle des jeunes de 15 à 24 ans. Leur volonté, dirigée par un peu d’insouciance et un besoin de liberté, de vouloir vivre le moment présent et «d’avoir du fun », sans égard aux conséquences, les amène à être victimes de situations nocives pour leur santé, autant physique que mentale et sexuelle. Nous parlerons ici du phénomène qui nous concerne, appelé « la média-sexualisation ».

Qu’est-ce que « la média-sexualisation »? 

Il s’agit d’un terme bien compliqué pour désigner l’impact souvent négatif que peuvent avoir les médias sociaux et l’accessibilité au Web sur la sexualité, principalement chez les jeunes entre 15 et 24 ans. Ce phénomène, en croissance fulgurante depuis les dernières années, est souvent identifié comme étant l’une des causes de l’ascension importante du nombre de cas d’ITSS (Infection transmissible sexuellement et par le sang) dépistées au Québec chaque année. En effet, on observe une augmentation importante des cas de chlamydia déclarés, principalement chez les jeunes de 15 à 24 ans. Le même constat s’observe également pour les infections à la gonorrhée puisque les statistiques démontrent que le nombre de cas a presque doublé entre 2013 et 2017. Puis, la syphilis, infection que l’on pouvait presque qualifier de disparue il y a de nombreuses années, est en forte progression. Alors que la majorité des cas d’infection à la syphilis décelés étaient concentrés dans la région de Montréal, on observe de plus en plus de cas dans la région de Québec. 

Est-ce que la hausse des cas d’ITSS des récentes années peut être attribuable à la présence des médias sociaux?

Nous nous questionnons afin de comprendre de quelle manière la hausse des cas d’ITSS des récentes années peut être attribuable à la présence des médias sociaux. En effet, les médias sociaux, ainsi que les différentes plateformes de sites de rencontres, facilitent grandement les échanges et les contacts entre des personnes complètement inconnues les unes des autres. Ainsi, l’accès à de multiples partenaires, les échanges de couples, les rencontres à caractère sexuel sont de plus en plus fréquents, et cela, parfois même entre différentes régions du Québec. Nous observons également que le manque d’éducation sexuelle chez les jeunes de 15 à 24 ans est responsable de la non-observance de la contraception. Malgré la publicité ciblée envers les jeunes, ceux-ci sont encore peu nombreux à faire l’utilisation du condom systématiquement lors des relations sexuelles. Le retrait, il y a plusieurs années, du cours de « FPS » (Formation personnelle et sociale) au niveau secondaire est souvent remis en cause.

Afin d’illustrer ce phénomène, voici, en chiffres, le nombre de cas d’ITSS déclarés en 2018, tous sexe et âge confondus, dans la province du Québec :

  • Chlamydia : 28 390 cas déclarés, le nombre de cas le plus élevé est chez les 20 à 24 ans, 60% des cas chez les femmes.
  • Gonorrhée : 7 520 cas déclarés, le nombre de cas le plus élevé est chez les 20 à 24 ans, 78% des cas chez les hommes.
  • Syphilis : 938 cas déclarés, 90% des cas chez les hommes.
  • Hépatite B : 1 168 cas déclarés
  • Hépatite C : 1 334 cas déclarés
  • VIH : 311 nouveaux diagnostics 
Cas ITSS déclarés en 2018 - impact des médias sociaux

Comment enrayer le problème? Prévention, éducation et dépistage des ITSS!

Dans tous les cas, il est certain que l’éducation des jeunes, principalement chez les 15 à 24 ans, se veut la meilleure solution afin d’enrayer ce phénomène. Toutefois, bien que la prévention par l’éducation demeure la clé du combat contre les ITSS, il est important de souligner le rôle majeur que joue le dépistage des ITSS dans cette lutte. En effet, le dépistage demeure la méthode de choix pour limiter la propagation des ITSS aux partenaires sexuels. Contrairement à la croyance qui veut que l’infection par une ITSS se présente toujours par la présence de symptômes, il est important de noter que près de 80% des personnes dépistées positives à une ITSS ne présentaient aucun symptôme. C’est là que vient jouer le rôle majeur du dépistage des ITSS. Il permet aux personnes qui ont attrapé une ITSS et à leur partenaire de recevoir le traitement approprié rapidement, d’en limiter la propagation aux partenaires, et d’éviter les complications d’une infection non traitée.

La prise de conscience des risques reliés aux médias sociaux et à la « média-sexualisation » pourrait permettre, d’ici les prochaines années, de diminuer le nombre de cas d’ITSS déclarés chaque année au Québec.

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